mardi 29 mai 2018

Secours à Bagnolar

Canyon de Bagnolar : Dimanche 29 avril 2018

Participants : GSM : Katia, Sonia, Denwal et Alex VDK. CAF de Marseille : Benoit, Marion, Julie et Aurélien. Individuel : Thomas. Le binôme : Hubert et Fanny (la blessée)

Part I :

"Nous sommes quatre du Groupe Spéléo Magnan, nous partons faire le canyon de Bagnolar dans la Vésubie, premier canyon de l'année pour nous. C'est le bon moment pour le faire, il est bien en eau ! Nous partons de bonne heure car la pluie est annoncée en début de soirée.

Nous attaquons le canyon avec beaucoup de prudence, les intempéries précédentes ont pas mal changé le paysage du canyon. Le pied est donc encore hésitant pour certain…



On est vite rattrapé par un binôme, un gars avec sa copine. Nous allons bien moins vite qu'eux, nous les laissons donc passer.

Il est 12H15 environ, j'avais déjà équipé la C15 au départ du premier encaissement, je les laisse descendre sur notre corde afin de leur faire gagner du temps. Le premier s'élance, suivie de son amie. A un mètre ou deux de l'eau, celle-ci donne une impulsion sur ses jambes pour s'extraire de la cascade, malheureusement elle tombe et sa jambe droite s'écrase sur le rocher juste en dessous. Je vous passe les détails sur la douleur qu'elle a dû ressentir à ce moment, ses cris ont glacé le sang de mes équipiers. Je comprends rapidement qu’il vient de se passer quelque chose de grave.


Aussitôt, son copain s’élance à son secours, je décide de rester au haut et d’envoyer mon collègue Denwal avec le bidon de secours en renfort. Vu le peu de place en bas et l’encaissement je ne fais pas descendre le reste du groupe. Les filles seront mieux dans cet espace ouvert avec encore du soleil. On me fait signe d’appeler les secours. Je sors le téléphone du bidon, malheureusement les barres rocheuses ne me permettent pas de passer d’appel. J’escalade tant bien que mal les parois afin de prendre de la hauteur, mais je ne parviens pas à trouver du réseau. A ce moment nous sommes rejoints par une autre équipe croisée plus tôt sur le parking du départ. Nous essayons de nous organiser afin de prendre les meilleures décisions possibles et surtout d’éviter le sur-accident. Thomas et Julie, du deuxième groupe, partent avec un téléphone remonter le canyon pour tenter une escalade afin de trouver du réseau. Benoit, l’initiateur du 2ème groupe rejoint la victime. Il part peu après avec le reste de l’équipe, Ils vont continuer la descente du canyon afin de trouver l’échappatoire et le précieux réseau. La décision est bonne, ça ne sert à rien de rester trop nombreux, sachant que dans l’attente le froid se fait vite ressentir. De plus, je suis rassuré de savoir Sonia et Katia avec Aurélien, Marion et Benoit. Je ne connais pas encore ces personnes, mais leurs attitudes en disent long sur leur expérience et bienveillance.

Après une brève réflexion avec Thomas, mes connaissances en spéléo secours seront plus utiles si je reste en haut de la cascade. Je prends donc la décision de garder cette position, de plus je pourrais orienter l’hélico sur zone si besoin. A cet instant, je ne sais absolument pas à quel moment les secours seront déclenchés. Je descends rapidement pour prendre des nouvelles de la victime et faire le point avec Denwal et le compagnon de notre blessée. Elle est consciente, les lèvres cyanosées et grelotte légèrement, le moral est un peu dans les chaussettes mais on a vu pire. Le point chaud est très précaire malgré les bons réflexes des équipiers. La jeune fille est installée sur un matelas de cordes au bord de la vasque, Denwal est à ses côtés sous trois couvertures de survies et tente tant bien que mal de maintenir les bougies artisanales allumées. Son compagnon se positionne devant elle, afin de faire barrage aux embruns. L’endroit où la victime est mise attente est loin d’être aussi confortable qu’au-dessus de la cascade, elle est au bord de l’eau et face au vent. La température est froide et accentue fortement le risque d’hypothermie. Je m’attends au pire, le temps passe vite, le vital prime et c’est l’hypothermie que je crains le plus. Pour avoir fait des stages de spéléos sur l’assistant secours victime (ASV), c’est la première chose à laquelle on pense. Je commence à réfléchir avec Hubert et le matériel à notre disposition afin d’installer un balancier contre poids avec une reprise de charge en haut pour faire remonter la victime. Les deux points d’amarrages suivants sont idéalement bien placés pour faire un guide (rappel guidé ou tyrolienne) et ainsi éviter l'eau. Je commence à installer les ateliers, la remontée sous cascade est très pénible, je bois la tasse à deux reprises, l’axe de la corde est en plein dans la veine d’eau. Je me libère d’un de mes deux kits pour gagner en efficacité. Une fois en haut je continu mon installation afin de prévoir un mouflage par le haut, un bel arbre une dizaine de mètres en amont me permet de mettre en place une reprise de charge.

J’ai conscience que déplacer, voir toucher la jeune fille blessée est pour le moment inenvisageable. La douleur est beaucoup trop forte pour tenter quoi que ce soit, mais si les secours mettent trop de temps à arriver et que le froid gagne du terrain, il faudra passer à l’action. En attendant il faut se contenter de ce point chaud précaire. La mutualisation du matériel de chaque groupe est primordiale, tapis de corde sous la victime, pose d’une attelle souple, couvertures de survies épaisses doublé d’un contact humain et nos fameuses bougies artisanales qu’on emmène en spéléo à chaque fois. Toutes ces petites choses sont précieuses !

Vers 16h30, j’entends le bruit sourd de l’hélico, un grand soulagement collectif s’en est suivi. Thomas et Julie partis en amont pour escalader ont réussi leur mission. Ils ont ainsi pu prévenir les secours et guider l’hélico à l’approche du canyon, ils me rejoignent quelques minutes plus tard. Cependant, la manœuvre est très délicate, l’hélico s’y reprend à plusieurs reprises pour trouver l’espace nécessaire pour descendre les équipiers. Je le vois faire des allers retours pendant une dizaine de minutes, les parois abruptes et les arbres ne facilitent pas l’accès. Je me positionne de manière à être visible en formant un Y avec mes bras et mon corps (c’est le signe conventionnel pour demander du secours). Une fois le bon angle trouvé je pars me mettre à l’abri, en effet le souffle de l’hélico est puissant et balaye tout, le risque de se prendre une pierre sur la tête est trop grand.

Ce sont les CRS de montagne qui sont de garde aujourd’hui. Un premier équipier descend jusqu’à moi, je lui explique la situation. Ils n’avaient pas compris que la victime se trouvait 15 mètres plus bas dans l’encaissement. Il appel des renforts avec du matériel supplémentaire. En quelques minutes plusieurs secouristes nous rejoignent, ça s’agite dans tous les sens. Un médecin arrive auprès de la victime, il dresse un premier bilan et la met sous perfusion, Denwal et le compagnon de la victime restent jusqu’au bout pour assister le médecin dans les gestes médicaux. Pendant ce temps j’aide les CSR dans les manips, je démonte mon installation, échange quelques mots avec les sauveteurs.

Avec Thomas et Julie nous descendons un peu plus bas pour laisser la place. Nous attendons une demi-heure le temps que la victime soit installée dans la civière. Nos deux derniers équipiers ayant terminé leur mission, nous rejoignent et nous continuons la descente initialement prévu. Il est déjà tard, 18h environ, les nuages noirs se resserrent et il reste encore 3h de descente pour rejoindre la fin du canyon. La pression retombe, la fatigue et le froid accumulé des dernières heures ont beaucoup entamé notre physique. Pendant la descente on regarde le ciel, l’hélicoptère remonte la civière, elle est maintenant en sécurité. Une heure de descente plus tard, nous arrivons devant l’échappatoire balisée. Nous décidons à l’unanimité de nous arrêter là, sage décision. Les averses éparses nous ont suivi jusqu’à notre retour à la voiture, nous nous changeons sous une grosse pluie vers 20h, les prévisions étaient justes. La première équipe nous attendait, à l’abri dans le camion avec le café chaud et une petite bière en guise de récompense, merci à eux !"




Partie II

Avant de dresser un bilan de cette journée, je tiens à préciser qu’il n’y pas eu de faute technique ou de mauvaise manipulation de matériel entraînant cet accident, il aurait pu arriver à n’importe qui (débutant ou expérimenté), c’est la faute à « pas de chance… ». Seule la question du manque de vigilance dû à une fatigue accumulée peut se poser. Mais là encore, je ne peux pas m’avancer d’avantage.

Dans l’ensemble, je dirais que la chaîne des secours s’est bien déroulée. L’expérience de la plupart des membres de chaque équipe a permis une meilleure analyse de la situation afin de prendre les décisions les plus adaptées. Il ne faut surtout pas se précipiter afin d’éviter le sur-accident. Agir sans réfléchir a des conséquences néfastes sur la suite des événements. La mise en attente de la victime dans un point chaud est fondamentale, avec ce type de conditions, que ce soit en canyoning ou en spéléo, l’attente cumulée à une blessure entraîne inévitablement l’hypothermie. C’est pourquoi, il est très important de ne pas négliger dans son matériel des moyens de chauffage efficace, et j’insiste là-dessus, car l’attente est souvent très longue. Dans notre cas, il s’est écoulé 4 à 5 heures entre le moment de l’accident et l’arrivée des secours. Les petites bougies chauffes plats sont à éviter, sauf pour la déco pour un canyon ou une spéléo romantique ! Leur durée de vie est très limitée malheureusement. Par ailleurs le choix de la couverture de survie est fondamentale, les petites couvertures fines sont bien en cas de dépannage, mais dans nos activités il faut privilégier les couvertures épaisses (il y a environ un euro d’écart et à peine plus d’encombrement). Celles-ci sont beaucoup plus résistantes face aux embruns d’une cascade et permettent de retenir la chaleur d’une bougie de survie de manière plus efficace. De plus, il est possible de les réutiliser si on les sèches et les replies correctement. En spéléo certains d’entre nous ont fait le choix de ponchos fabriqués en toile de parapente ou en couverture de survie épaisse. Celles-ci sont adaptées pour de longues attentes, se replient et se rangent facilement. Posez-vous cette question : si je dois rester coincer au moins 12 heures ici, qu’est-ce que j’ai à ma disposition et pour le groupe afin de gérer l’attente ? C’est toujours au moment où l’on en a le plus besoin que l’on regrette de ne pas avoir pris cette plus grosse bougie ou cette deuxième couverture pour gagner en poids ou en encombrement. Sauf que là c’est trop tard, la maison ou la voiture sont loin…

Dans le cas de cette journée, la mutualisation du matériel collectif de chaque groupe a été déterminante dans le déroulement des événements. Une attelle souple a pu être posé rapidement, trois couvertures de survies (dont une épaisse) et un tapis de corde ont permis d’isoler la victime du froid et des embruns de la cascade. Les bougies ont servi tout au long de l’attente afin d’apporter un peu de chaleur à notre blessé. J’avais pourtant hésité à prendre toutes mes bougies, j’aurais eu tort… Les lieux d’accidents ne sont jamais très confortable, il faut dans la mesure du possible protéger au mieux la victime (d’une chute de pierre, d’un écoulement d’eau, d’une cascade, des embruns…). Si le déplacement n’est pas possible il faut s’organiser au mieux pour améliorer le confort autour de celle-ci. Dans notre situation, la victime était placée sur une banquette rocheuse lisse au bord de l’eau. Impossible d’éviter les embruns de la cascade. Son conjoint est resté une grande partie de l’après-midi devant elle pour la protéger du vent dans une position inconfortable. Son déplacement n’était pas possible à cause de la douleur, nous avons dû composer avec.

Les moyens de communication ont été vitaux durant cette journée. Par chance nous avions au total quatre téléphones, malheureusement les barres rocheuses, comme dans beaucoup d’endroits en pleine nature, ne permettent pas de passer d’appel. Vu que nous étions nombreux, nous avons pu séparer le groupe afin de trouver rapidement une zone pour téléphoner et ainsi maximiser les chances de contacter les secours.

Cette expérience, nous fait grandement réfléchir sur la nécessité de bien choisir le matériel que l’on emmène avec soi. Il ne faut pas le minimiser sous prétexte que l’on soit expérimenté ou en équipe réduite pour gagner en vitesse. Que ce soit sur le matériel individuel ou collectif, il faut se poser les bonnes questions sur ce qui est vraiment indispensable, car une chose est sûre, tout peut arriver à n’importe quel moment…

Pour terminer ce compte rendu, je résumerais cette aventure en 6 mots : du stress, de l’angoisse, du soulagement, beaucoup de solidarité, quelques rires et des rencontres.

Merci à tous pour votre aide et votre bonne humeur tout au long du parcours..

Et surtout BON RÉTABLISSEMENT Fanny !

Alex VDK
Bonus : la radio du tibia/fibula (péroné) droit

mercredi 9 mai 2018

Grotte de Pâques avec les poussins !

Date : 5/5/18
Tpst (partie grotte de Pâques uniquement) : 3h
Participants: (Magnans) FX, Cathy, Laet + (Initiations): Clarence (6 ans), Diego (8 ans), Lila (13 ans), Vincent (17 ans), Johanna

Arrivée à St Cézaire vers 11h45. Cathy explique un petit peu à toute la troupe la formation des grottes devant un bon café, puis nous nous rendons au parking de la grotte de Pâques, nous habillons, préparons qq kits (polaire / cagoule / gants supplémentaires pour les enfants - au cas où - , beaucoup de couvertures de survies, bougies, frontales de secours + piles, trousse à pharmacie, pique-nique, boissons, une corde, des sangles et mousquetons, et qq agrès - pour le cas où… - , bidons étanches pour protéger nos tels portables, papiers, clefs de voitures, 
portefeuilles…). Bref, on s'est quand même débrouillés à avoir 3 kits (dont un sherpa pour Vincent) pour aller passer qq heures dans une grotte qui ne nécessite pas de matos d'équipement!!! (faut bien rendre le ramping un peu plus sportif quand même, non?)


Nous commençons par un passage à la résurgence de la Foux, histoire de voir la source (et aussi vérifier la hauteur de l'eau de la rivière car la grotte de Pâques a résurgé quelques jours auparavant, ce qui est assez rare! Bon, ben il y a peut-être un peu plus d'eau que d'habitude (et encore!), rien d'impressionnant, la rivière a plus ou moins retrouvé son niveau habituel).

Nous filons en direction de la grotte de Pâques. Petit pique-nique devant l'entrée, les 2 petits attendent avec hâte que l'on y aille. Diego regarde dans l'entrée, pas super rassuré
: "Heu, vous êtes sur que c'est par là qu'on passe? Y'a plein d'eau, et le passage diminue…"
- T'inquiète, c'est bien par là, et ca passe!

Nous entrons. Les marmites au sol de la galerie d'entrée sont toutes remplies d'eau, et les enfants observent fascinés des milliers d'ailes d'insectes (fourmis volantes?) qui dérivent à leur surface. Nous passons rapidement en mode "limace". Après quelques tâtonnements, nous trouvons le passage que l'on cherchait. Cathy balise quelques passages clés avec de la rubalise (qu'elle récupèrera au retour) pour le cas où nous aurions besoin de ressortir rapidement avec les enfants sans perdre de temps.

J'avais élaboré un système de binômes (dans l'ordre) : FX + Diego, Johanna (la maman) + Vincent, Lila + Cathy, Clarence + moi. Mais au final, Clarence était tellement triste et déçu d'être si loin derrière (surtout que Diego, lui, était devant!) que j'ai vite abandonné l'idée : c'était vraiment en train de lui gâcher la sortie. Du coup, je lui fais un calin et lui demande "tu voudrais qu'on aille tout les deux essayer de trouver la suite de la grotte?" Il me répond par un sourire radieux. 
Go, C'est parti!

Cathy a des soucis d'éclairage: la frontale de son casque testé la veille et équipé de piles neuves ne fonctionne plus, et sa frontale de secours (marque petzl s'il vous plait!), elle aussi testée la veille et équipée de piles neuves refuse de s'allumer… (??!?!?) Du coup, je lui passe ma frontale de secours qui marche (mais lumière pas terrible) et qui se positionne tant bien que mal sur le casque. Très pratique pour éclairer le plafond, un peu moins les pieds (mais bon, en même temps, c'est plus joli un plafond que des bottes, non?) Bref, un peu galère, comme plan. Surtout que, et je l'apprendrai à la fin de la journée, Cathy, en glissant à l'entrée de la grotte a été rattrapée par le pouce droit d'FX et s'est un peu tordu la cheville... Rien de grave apparemment, puisqu'elle ne dit rien et fait la sortie avec nous avec le sourire… (mais on constatera néanmoins en rentrant aux voitures que la cheville est un peu enflée…! Et FX aura du mal à plier son pouce le lendemain...) Chapeau les gars, vous êtes des anges!

Nous arrivons bientôt sur de profonds gours, habituellement secs et tapissés de boue bien collante. Aujourd'hui, ils sont plein d'eau (c'est quand même plus joli!). Traversée du bourbier presque aquatique car bien rempli d'une belle eau lisse, marron et opaque. Les 2 petits a-do-rent (forcément!). Ils s'installent dans coin confortable et entament la fabrication d'une E-NOR-ME- boule d'argile. Ils sont tellement heureux qu'ils tentent une négociation pour nous attendre ici (au cas où il nous prendrait l'idée saugrenue d'avoir envie d'avancer et de quitter ce merveilleux lieu ludique…) On stagne 5 mn supplémentaires dans cet endroit confortable (hum!) le temps de vider nos bottes pleines d'eau argileuse et de souffler un peu du ramping, puis nous repartons (avec les enfants, bien évidemment!)

En quittant les lieux, Johanna ne résiste pas et en profite discrètement pour, elle aussi, caresser cette argile douce et soyeuse, et bidouiller un peu au passage la méga-boule d'argile des enfants… (NB lors du retour, Diego s'insurge car il retrouve la boule d'argile et s'aperçoit qu'elle n'est plus comme ils l'ont laissée : "mais qui a fait ca?")

Chemin rampant, nous arrivons vers le bout de cette galerie. Fx lance à la cantonade :
-"alors, à votre avis, c'est par où maintenant?"
-"Par là" répondent les enfants d'une seule voix, en pointant du doigt une ouverture dans le plafond. Bien vu! Ravis, ils escaladent le conduit 
remontant et là…

De grands "WAOUUUUU" impressionnés retentissent du plus grave de leur petites voix aigues, car en changeant d'étage, la grotte change de dimension. Après avoir passé plus d'une heure dans des volumes très restreint, nous voici dans une grosse galerie, avec des plafonds à plusieurs mètres de hauteur. L'argile prédominante jusqu'ici fait place à de la roche dentelée, du sable et un concrétionnement impressionnant. Après une rapide inspection des lieux, les enfants se posent sur une "plage" de sable, sous des petites concrétions.
Nous nous regroupons tous au-dessus de la méduse, surplombant La Salle De Minuit pour admirer cette gigantesque et magnifique salle.

Nous desescaladons la méduse et avançons vers la galerie de la Cascade. Plein d'eau ruissèle sur tous les gours, c'est magnifique. Les enfants filent escalader, FX sur leur talon. Les gours du haut (belles vasques de belles dimensions) sont tous remplis, c'est vraiment très beau. A peine le temps d'essayer d'expliquer aux petiots comment marcher sur les gours pour éviter de se mouiller ou tomber dedans que j'entends "plouf" et "plouf"… Clarence, qui venait de faire un canyon avec son papa et avait eu pour consigne de se baigner dans toutes les vasques met à exécution ces consignes et entreprend de toutes les tester en criant de joie. Diego fait pareil. Puis avisant la grande coulée de calcite un peu plus haut, et après avoir testé (sondé) la grosse vasque au pied de la coulée, il y grimpe, s'y allonge, met bien les bras en croix (comme il l'a appris) et… zouuuu-plouf! Je l'ai rarement vu aussi heureux et surexcité. Bon, ben voila… moi qui pensais bêtement qu'ils pourraient éviter de trop se mouiller pendant la sortie… raté! Je laisse les enfants s'en donner à cœur joie dans leur "jacuzzi glacé" sous le regard médusé d'FX et part avec Lila et Vincent faire un rapide aller-retour plus haut dans la galerie de la cascade, après les échelons posés en fixe. Ils apprécient beaucoup l'escapade…

Nous revenons rapidement vers le reste du groupe qui s'est installé pour pique-niquer, tandis que les enfants sont allés piquer une tête juste à coté dans "Le Lac Sans Fin N°14 - L'Expérience". En fait, ils sont tellement à fond dans leur trip d'explorateurs en herbe qu'ils ont attribué des noms à tous les endroits qui les ont fait flasher! Et le soir, Clarence encore tout excité dira à ses parents "c'était la grotte du siècle!"

Nous les appelons pour manger un bout. Clarence commence très vite à avoir froid - quoi d'étonnant? (il ne dit rien mais je le vois et l'entends grelotter).
Du coup, on repart sans tarder (dommage, on ne fera pas de petit détour par la Galerie de L'Oiseau, j'aurais bien voulu voir s'il y a de l'eau là dedans). Je lui rajoute le pull polaire + cagoule polaire que j'avais embarqués dans le bidon étanche, l'assois contre moi (chaleur humaine) et le frotte énergiquement, puis nous repartons sans plus nous arrêter. Le balisage de Cathy permet d'avancer rapidement sans se poser de question, c'est appréciable. En moins de 30mn nous voici dehors sous le 
soleil chaud.

Nous repassons par la Foux pour une grosse séance de nettoyage matos. Clarence en profite pour aller nager une dernière fois, y laissant une botte, car comme il nageait "à contre courant", ce dernier a embarqué sa botte, qui a bien évidemment coulé au seul endroit profond... Grrr! Bain obligé pour moi aussi! Voila c'est fait!

Nous rentrons tous aux voitures nous changer, après cette sortie vraiment extraordinaire dans tous les sens du terme (et un peu surréaliste aussi…)

Je n'oublierai jamais ces magnifiques souvenirs, et surtout le bonheur et l'enthousiasme de Clarence et Diégo, (je ne les ai jamais vus comme ca !)… ni les regards médusés de FX et Cathy, notamment lorsque les enfants se sont baignés, ni les regards parfois un peu courroucés de Johanna, ni le petit stress que j'ai éprouvé lorsque j'ai récupéré un Clarence tout tremblotant… ni le (trop bref) chouette moment passé en haut des gours avec Lila et Vincent (qui ont vraiment été adorables du début à la fin... Hâte des les revoir tous les 2 sous terre!).

Laetitia

Aven Ollivier : spéléo magnan en force !

Date : 10 mars 2018
Cavité : Ollivier (galeries supérieures du réseau -300)
Participants : Guy, Dgé, Katia, PA, Laet, Cyril, Alex, Sonia
TPST : de 7 à 10h



Aujourd’hui est un grand jour : depuis longtemps, j’avais bien envie d’aller voir un peu les grosses galeries supérieures du réseau -300 de l’Ollivier, et, pourquoi pas ?, essayer d’aller au fond… Cette envie date d’une certaine nuit du 2 novembre 2002 où nous nous étions arrêtés en bas des fameuses escalades. Seul le Baron y était monté pour constater que l’équipement était vraiment craignos et qu’il ne serait pas sage que ses jeunes protégés y grimpent en l’état… Cette fois ci, nous préparons le matos pour rééquiper l’escalade, et aussi descendre les puits du fond au cas où la possibilité s’ouvrirait miraculeusement à nous.

Départ échelonné : Guy, Katia, Jeff partent de Magnan vers 8h15 avec les kits d’équipement des puits d’entrée et des puits du fond, PA part de La Clave, Cyril et moi de Vence (un peu plus tard que prévu), Alex et Sonia quitteront Nice en milieu de matinée avec le matos pour rééquiper 
l’escalade.

Les six premiers se retrouvent au chalet de Dgé et Mimine en milieu de matinée, tandis qu’Alex et Sonia sont sur la route. Entrée sous terre assez tardive (peu avant midi pour les premiers) en traversant un champ de neige épaisse. Le Baron en tête équipe, assisté par Dgé, puis suivent Katia et PA. Cyril et moi fermons la marche.

Le passage de la « Porte de Tolkien », magnifique miroir de faille d’une vingtaine de mètres de haut est toujours aussi époustouflant, la diaclase qui suit toujours aussi étroite…
Descente du dernier puits avant le laminoir, là où se trouve la jonction avec Les Primevères.
Nous voilà devant les 60 mètres de ramping du Laminoir Infernal, dont les souvenirs hantent un peu ceux qui l’avaient déjà subi jadis (…sauf moi qui l’avait traversé en 2002 avec Anaïs, juste après notre expé en Serbie où nous nous tapions quotidiennement le laminoir d’entrée de Buronov (plus de 400m). Du coup, nous étions sorties de celui de l’Ollivier en rigolant !).

Donc, vu que je suis la seule à garder un bon souvenir de ce laminoir, je m’engage en premier, sourire aux lèvres… Bon ben en fait, le laminoir s’était largement agrandi dans mes souvenirs, mais dans la réalité il s’est même plutôt vachement rétrécit (pourtant, j’ai sacrément maigri depuis la dernière fois !). Par contre, le sol n’est pas trop agressif, ça c’est déjà appréciable… Bon je ferme ma grande G. et fait comme si de rien n’était… Tout le monde souffle en silence et en trimballant son kit (sauf moi : trop cool de ne pas devoir porter !). Nous passons à proximité d’une chauve-souris en hibernation (mais qu’est-ce qu’elle fout si loin sous terre ?). Du coup, la progression devient très précautionneuse et attentive afin de ne pas déranger les éventuelles petites bêtes qui dorment. A mi-chemin du Laminoir, les dieux ont pitié de ceux qui souffrent en silence et leur ouvrent une très belle petite 
salle, très concrétionnées, et abritant trois chauve-souris en hibernation. Nous ré-attaquons la seconde partie du Laminoir, non sans avoir observé des traces de guano au sol à l’entrée et progressons donc 
encore une fois avec maintes précautions pour ne pas trop déranger les dormeuses au cas où il y en aurait d’autres. Bingo ! Il y en a deux de plus, qui ronflent si fort qu’on ne s’entend plus râler…
Nous sommes étonnés de ne trouver aucun courant d’air dans une section de taille si réduite : les particules soulevées par notre passage stagnent dans l’air et l’opacifient…

Nous débouchons enfin, nous 6 et nos 5 kits de l’autre coté de la grotte et filons pique-niquer au pied de l’escalade, à proximité d’une très grande flaque d’eau limpide, en attendant qu’Alex et Sonia nous 
rejoignent avec le matos pour rééquiper. On dévore nos sandwichs, puis nous faisons le tour de cette belle salle. Il pleut à proximité de la flaque (Cyril s’en servira au retour pour nettoyer ses bloqueurs 
boueux). Un étroit méandre s’ouvre de l’autre coté de la flaque et au pied de l’escalade une petite bulle en dentelle de roche aux découpes calcaires et fins cisèlements magnifiques forcent l’admiration.. Il fait très froid maintenant… Cyril et le baron décident de commencer à remonter l’escalade pour voir dans quel état est l’équipement. Chose étonnante, il y a DEUX cordes – dont une un peu trop courte – qui pendent (dans mes souvenirs, il n’y en avait qu’une…). Cyril remonte sur 
la corde et s’assure en double sur la seconde corde avec ma poignée/pédale. De son avis, le mono spit au premier fractio mériterait d’être doublé et le mousqueton corrodé remplacé. Par contre, une des 2 cordes est encore propre au niveau du nœud, ce qui indique qu’elle est récente. L’escalade semble donc bien avoir été rééquipée relativement récemment. Ce premier fractio mène sur un plan incliné, équipé lui aussi (3 fractios), et jusqu’à une grande longueur plein vide et dans du gros volume. Au pied de ce dernier puits gît une corde (sûrement l’ancienne corde qui a été remplacée).

Dgé, Katia, PA et moi emboitons le pas aux éclaireurs, en progressant en douceur afin de ne pas donner de chocs sur les mousquetons abîmés.. Je bidouille avec mon Tbloc (pas ultra pratique, ce truc) et mon pantin en attendant de récupérer un peu plus haut ma poignée-pédale. Arrivée en haut du 1er fractio, sur un palier, je fais vite un nœud sur la corde trop courte (sûrement l’ancienne corde qui a dû être laissée en place lors du rééquipement précédent ?) afin que l’on ne se trompe pas à la redescente…

Nous entendons du bruit venant d’en bas : c’est Alex & Sonia qui arrivent. Alex a fignolé quelques amarrages à la descente, pour faciliter la remonté. Ils s’installent sous une survie en bas de l’escalade pour se restaurer un peu, histoire de reprendre des forces après le franchissement du laminoir infernal.
Nous continuons notre ascension. Franchissement du dernier fractio plein pot (avec maillon rapide cette fois) amarrant la longueur plein vide, et nous sortons (NB en têtes de ce puits, il y a 3 amarrages).

Les plafonds sont très hauts, et nous sommes dans du gros volume. Nous nous tenons sur un palier, à mi-hauteur d’une grande salle s’ouvrant sur notre droite. Trois ou quatre mètres plus loin, nous équipons une désescalade assez raide (qui n’apparaît pas sur la fiche d’équipement mais mérite bien d’être équipée – d’ailleurs, s’il y a 2 spits en tête, c’est pas pour rien ! NB : à rajouter donc sur la fiche d’équipement : une corde d’une quinzaine de mètres + 2 skifs avec plaquettes).. Cette désescalade nous mène au fond de cette grande salle que nous remontons par l’autre extrémité, en empruntant un court petit couloir concrétionné. Puis petit virage à gauche, et quelques mètres plus haut un ressaut s’ouvre au pied d’une très belle et majestueuse coulée de calcite. Ce ressaut (qq mètres) est équipé en fixe.

Guy et Dgé décident de rebrousser chemin ici :
- Appel du ventre ? (c’est soirée pizza au chalet ce soir et c’est Dgé qui doit les faire, donc vaut mieux pas qu’il traine trop longtemps sous terre !).
- Appel des Dulcinées ? (les sirènes Mimine et Claude sont au chalet, et leurs chants traversent les roches et les vides ?). 
- Hantise du Laminoir Infernal ? (justifiée apparemment : j’eus ouïe dire que lors de leur retour, une Noble odeur nauséabonde envahît le tunnel étroit, anesthésiant presque tout ce qui y vivait dans un rayon de plusieurs mètres…).
Toujours est-il que Dgé (après avoir vite fait un saut en bas du ressaut et jusqu’à l’entrée de la salle qui suit), embarquant tout sur son passage, à savoir les Guytous, les Alex et les Sonias, se rue dehors…

Et nous voilà tous les 3 (PA, Katia et Laet) livrés à nous-mêmes et avec pour seule compagnie les kits de matos + le mini-kit de bouffe (ah non pardon, celui-là, trop mini pour résister et probablement mal amarré a été embarqué par le souffle de la tornade remontante).
Cyril, qui était en tête depuis l’escalade, est invisible, loin devant…
En bas du ressaut, nous arrivons vite à une espèce de sas d’entrée aux parois magnifiques et ultra-concrétionnées, dont la voûte d’un arrondi parfait laisse deviner… du noir……!
PA prend quelques photos. Nous prenons notre temps et savourons la beauté du spectacle qui s’offre à nous. Nous avons l’impression d’être en « première », tellement c’est beau, inattendu, enchanteur, et 
tellement il y a peu de traces de passage… C’est magique ! La suite est grandiose ! La salle que l’on devinait du haut du sas d’entrée est immense, plongeante, concrétionnée et parée de coulées d’un 
blanc immaculé. Nous désescaladons (PA donne un bon coup de main aux filles sur un passage délicat), pour remonter un peu en face, passons à côté de gours sublimes, laissons sur notre gauche un passage descendant d’une forme ovoïde parfaite (on y fera un saut au retour, si on a le temps), et crapahutons en nous émerveillant jusqu’au bout de cette gigantesque galerie accidentée.

Ça queute. Pas de Cyril (mais où est-t-il passé ? Il était bien devant, non ?) Nous avisons le départ d’un joli petit méandre s’ouvrant sur la droite… Une voix lointaine semblant sortir d’outre-tombe me répond lorsque je m’engage dans le méandre en l’appelant… Nous visitons donc le méandre : accroupis, en oppo, en canard, allongés… On teste toutes les positions, surtout Katia qui s’en donne à cœur (pas) joie ! Je rejoins Cyril qui m’attend tranquillement au bout du méandre au départ des puits 
pour le fond, tandis que PA et Katia nous attendent quelques mètres avant. Nous faisons demi-tour.
A la sortie du méandre, la montre de PA indique qu’il est déjà 17h30 ! 
Que le temps passe vite ! Il faut vite rentrer ET déséquiper (on n’est pas sortis avant plusieurs heures…Merde, il va être tellement tard qu’on va rater la chouette soirée et le bon repas ! Snif !)

Cyril passe en tête, nous donne un coup de main au passage délicat (le même qu’à l’aller, passage chiant dans les 2 sens), puis nous redescendons jusqu’au pied de l’escalade, là où nous avions pique-niqué. On mange quelques figues que PA avait gardées sur lui (les restes de nos sandwichs sont repartis avec le mini-kit), nettoyons la boue de nos bloqueurs, changeons les piles faiblissantes de nos casques et repassons le laminoir.

Je propose à Cyril-Mon-Highlander, qui commence à sérieusement se refroidir à force de nous attendre, de remonter en prenant s’il le peut 2 kits et de sortir et rentrer au chalet avec ma voiture. Nous convenons d’un code (3 nœuds plats en bout de chaque corde qu’il emprunte) pour être sûr que je ne déséquipe pas en le coinçant derrière, au cas où il emprunterait un itinéraire imprévu. Donc Cyril part devant… Apparemment, il a sorti « tous les noms d’oiseaux » qu’il connaissait en empruntant le puits faille avec ses 2 kits, puis visité la galerie Philippe (pas prévu au programme !), mais il est néanmoins sorti 1h30 avant nous.

Tandis que Cyril est remonté et que Katia attaque le puits de la Jonction avec son kit, PA repère une délicate attention laissée par Guy : une belle clef de 13 coudée pour bien déséquiper… (Merci Baron). PA prend l’autre kit et m’aide pour le déséquipement. La remontée se fait tranquillement et sans soucis, je peste un peu pour la forme en déséquipant (plus l’habitude !) Il est 22h lorsque je sors dans la doline enneigée. Vite, aux voitures ! Mes affaires sèches sont dans ma voiture qui est au chalet avec Cyril, idem pour PA dont les clefs sont elles aussi retournées au chalet (avec le mini-kit) … Heureusement il nous reste la voiture ET les clefs de Katia ! Quelle chance ! On file au chalet (Katia, j’espère qu’on n’a pas trop cradé ta voiture, on a essayé de faire gaffe, mais bon… la boue est tellement indisciplinée !) où nous sommes chaleureusement accueillis pour l’apéro par toute la troupe qui, de surcroit, nous avait gentiment attendu pour manger.

Une très belle soirée pour clore une très belle explo !

Laetitia