jeudi 30 janvier 2014

Sidonix chez les Helvètes

Fadas ou fondus? Pas résisté à l’irrésistible invitation lancée par des spéléos suisses de se joindre à eux pour... un bivouac-fondue d’entre-deux fêtes dans la grotte du Poteu (commune de Saillon, canton du Valais).

Au lendemain d’un Noël bien arrosé (par la pluie !), nous sommes trois des alentours de Thonon (Spéléo Club de Thollon-Les Mémises) à enfiler nos bottes, à jeter nos sacs dans le coffre et à prendre la route pour le Valais.

Le rendez-vous est fixé à l’heure du café (pas celui du petit-déjeuner mais celui de l’après déjeuner !) au Bar de La Poste, à Saillon. Ce charmant bourg médiéval fortifié abrite des histoires étonnantes, dont celle de Farinet (faux-monnayeur et genre de Robin des Bois suisse !) ou celle de « la plus petite vigne du monde » (3 ceps vendangés par le Dalaï Lama !). Quand vous saurez qu’il y a aussi une via ferrata et des sources d’eau chaude, j’espère vous avoir donné l’envie d’une virée dans le coin !!! (à l’automne, c’est la bonne saison).

Après nous être attablés juste le temps de faire connaissance avec nos amis suisses (club de Saint-Exupéry, Vouvry, Valais) et de trinquer à notre épopée du jour - et de la nuit -, nous nous partageons en deux groupes (nous sommes 11 au total, dont 1 jeune de 15 ans, 2 spéléotes et 3 sportifs montagnards novices en spéléo) afin d’entrer à une demi-heure d’intervalle dans la grotte et ainsi de ne pas avoir à attendre sous la pluie le temps que la descente des premiers puits s’effectue.
Nos kits (ou sacs de l’armée suisse !) sont bien dodus puisque nous y avons nos affaires de rechange et sacs de couchage pour la nuit ainsi que les réchauds, le fromage et le vin blanc (transvasé dans des bouteilles plastiques !) pour la fondue, sans compter les apéros, dijos et p’tits déj’ ! Merci aux grands costauds qui ont pris deux sacs plutôt qu’un ! C’est parti ? C’est parti !

Grotte du Poteu (VS), 26-27 décembre 2013. Club spéléo de St-Exupéry (VS)/Spéléo Club des Mémises (74). TPST : 24h, progression aller en 6h, retour en 5h.

Marche d’approche… de 5 minutes ! Il suffit de se garer dans les vignes et de rejoindre la baume dans la falaise en empruntant 3-4 échelles aériennes. Le Poteu (étymologie : « puits ») est le plus grand réseau valaisan avec quelque 9km d’explorés, alimenté en partie par une rivière venant de 2400m d’altitude (donc gelée à cette période, ouf).

Nous entrons discrètement pour ne pas déranger les chauves-souris qui gîtent dans les premières salles, partons dans les puits et la vire en descente tandis que tout le reste de la progression se fera majoritairement en remontée (c’est pourquoi le retour sera plus rapide), à travers des boîtes aux lettres munies d’échelles, de multiples ressauts et vires. Nous nous courbons, rampons et nous redressons dans un enchaînement de galeries et salles très variées, chaotiques ou joliment concrétionnées. Je compterai plus tard les bleus, blancs, rouges (jaunes, violets et noirs aussi) soigneusement collectionnés, des tibias aux avant-bras, tout au long des aspérités.
Le « on arrive bientôt » est répété pendant au moins 2h et les jambes et bras sont un peu flagadas quand on parvient à la très attendue Salle du Volcan. On trempe les lèvres dans une véritable fontaine de jouvence puis on se hisse enfin jusqu’à la Nappe de Morcles, lieu de notre bivouac (à peu près à 3km de l’entrée). Il est déjà 21h30.

Vin chaud à l’apéro ! Et place à la fondue ! Alléchante, largement méritée, parfaitement dosée et chaleureusement partagée. Autour du sempiternel débat : fondue suisse ou fondue savoyarde ? (je vous laisse trancher, vous qui êtes « neutres » dans l’histoire). Bien aussi la pénombre : quand tu perds un morceau de pain dans le caquelon, hop, ça passe inaperçu (ouf ! car je n’ose même pas imaginer les gages de spéléos, genre « remonter 10 fois de suite le puits de 40m » ou « porter tous les kits de l’équipe »… gloups). Abricotine - les fameux abricots du Valais - et absinthe - la fée verte - pour finir de nous réchauffer les oreilles. Minuit, au lit !

Enfin, neuf d’entre nous serrés comme des sardines sur un banc de sable (pas blanc-blanc mais fin) et deux accrochés dans leur hamac. Le bonheur d’enfiler des vêtements secs et des chaussettes archi-sèches avant de se glisser dans le sac de couchage… La magie de la petite flamme vacillante d’une bougie… Le ploc d’une goutte d’eau… L’émotion de dormir SOUS terre !

Bon, quand on a le sommeil très léger (et un sac de couchage un peu trop léger aussi), les trois quarts de la nuit se passent éveillés…

Sonnerie de réveil à 7h30 : euh, il fait tout noir ! C’est quand même l’heure de se lever !! Petit-déjeuner aux chandelles, plaisir de renfiler les combis humides et nous nous re-séparons en deux groupes pour le retour. Nous laissons derrière nous des effluves d’ours des cavernes et une odeur d’urine (qui sera bientôt lavée par le ruissellement).

Nous sommes 5 à reprendre le même cheminement qu’à l’aller et les 6 autres empruntent une variante parallèle. Bon timing puisque nous nous rejoignons au pied des puits d’entrée que nous remontons tranquillement à la queue leu leu.

Pari sur la météo avant la sortie de la grotte : 0°C et neige ? ou 25°C au soleil? Allez, pas tout-à-fait les 25°C mais de doux rayons de soleil qui font plisser les yeux de bonheur, étinceler la neige sur les sommets environnants et s’extasier dans un souffle : « Ah, que cette Terre (dessus, dessous) est belle ! ».

Les Magnans, je partage avec vous un secret bien gardé en Suisse :

Quelle est la recette-miracle des Helvètes pour ne pas devenir obèses bien que gavés dès le biberon de fondue?

Aller la manger au fin fond d'une grotte, pardi !!! (Perte de calories > au gain)


 Alors, les Magnans, à quand une énooorme salade niçoise « à la mode spéléote »???

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