mardi 13 septembre 2011

La grotte des rêves perdus

Un film de Werner Herzog, sortis en salle en Septembre 2011



J'y vais de ma critique sur ce film, « la grotte des rêves perdus » de Werner Herzog

Très peu de salles de cinéma ont eu l'audace de projeter ce film. À la réflexion, le terme « audace » n'est pas de trop. Un documentaire consacré à la paléontologie mâtinée de spéléologie à tendance mystique et planante, ça n'attire pas vraiment les foules. Mieux vaut rentabiliser la salle avec une énième suite de Destination finale... D'autant plus que le film est en 3D, j'y reviendrai sur ce point.

Séance de 13 h 50, pas grand monde au Variété. In 'y a que 2 salles équipées pour la 3D dans ce cinéma. J'aurais espéré la très grande salle, mais il ne faut pas trop rêver non plus. C'est donc une plus petite salle, mais confortable dans lequel a lieu la projection. Il y a déjà un peu de monde, nous de dépasserons pas la trentaine de spectateurs. La moyenne d'âge est élevée... je dois être le plus jeune (31 ans je rappel) parmi les retraités ! Première constatation, l'archéologie n'attire pas non plus les foules sauf si Indiana Jones est présent au générique. Deuxième constatation, la spéléo non plus n'attire pas les foules... sauf si présence de monstres mutants, de base-jumping dans les puits et autres scènes surréalistes. Et pourtant, pour ce qui est du surréalisme... La grotte des rêves perdus enterre (sans jeu de mots) bon nombre de films consacrés à la spéléo. Comme celui qui-suit par exemple...


Moi aussi, quand je fais de la spéléo, je prend toujours mon parachute.

L'histoire se passe donc à la grotte Chauvet, en Ardèche. Le film s'attarde peu aux paysages environnants exception faite du Pont d'arc. D'emblée, le narrateur (Werner Herzog) nous narre l'histoire de la grotte Chauvet, de sa découverte fortuite. Rapidement, la grotte est interdite au public de par son caractère exceptionnel. Si exceptionnel que même les scientifiques sont soumis à des procédures rigoureuses. Ni entre pas qui veut, pas à n'importe quel moment et ne compter pas rester des heures dedans non plus. Pour les besoins de son film, le cinéaste nous narre ses difficultés. C'est un des partis pris scénaristiques. Plutôt que de se consacrer exclusivement à l'archéologie, Werner Herzog rend son film plus humain en nous racontant ses péripéties de réalisateur. En effet, à ce stade l'archéologie prend une dimension temporelle que nous ne pouvons réaliser : 30 000 ans d'âge. Certaines peintures rupestres se chevauchent avec 10 000 ans d'écart tout en paraissant fraîches de la veille. Afin d'ancrer son film dans le présent, le réalisateur y va de ses explications ponctuelles sur son travail. Pas plus de 4 personnes par salle, interdiction de trop éclairer, interdiction de filmer de trop près certaines peintures, interdiction de rester trop longtemps. Au final, on a le sentiment d'un film amateur. La caméra tremble faute d'appui correct, l'éclairage est défaillant et seule la présence des casques suffit (lampes Scurion), on perçoit aussi tout le temps un membre de l'équipe technique dans le champ de vision. Sensation étrange, amusant d'un documentaire à gros budget réalisé comme n'importe quel amateur ! Mais sensation oh combien plus humaine.

Bien sûr, le thème principal reste l'archéologie... mais encore la zoo-archélologie, la paléontologie. Des chercheurs, des scientifiques passent devant la caméra lors de courtes interviews. Sensation plus humaine encore, la nature scientifique de leur travail passe au second plan devant leurs émotions. En effet, leurs travaux ne consistent pas (seulement) à analyser des frottis de torche au Carbone 14, mais à imaginer pourquoi des hommes ont fait ceci. Une captivante plongée dans les méandres du temps. Des hommes du présent se posent des questions sur des hommes du passé. Qu'ont-ils voulu dire, exprimer sur ces peintures ? Certains dessins sont étranges, comme animés, remplis de détails. Là se pose une question fondamentale du film. Est-ce de l'art ? Devant ces images calmes, sommes-nous en présence de la naissance de l'art ? Ou tout du moins, de la plus impressionnante forme d'art de cet âge. Le narrateur s'interroge, interroge aussi ses intervenants sur des questions philosophiques voir métaphysique. En 30 000 ans, l'homme à bien changé (la Terre aussi) et nous essayons de comprendre des choses qui nous dépassent complètement. La science ne peut plus expliquer à ce stade, seule l'imagination le peut.



Et la 3D me diriez-vous ? Pour une fois, cette technologie, même encore balbutiante prend tout son intérêt. Pas tout le temps, certes, mais certains passages sont bluffant de réalismes. Le spéléo que je suis se sent presque dans la grotte. On voit les peintures onduler sous la lumière changeante des casques. Mieux, on ressent le mouvement des peintures. Les tigres, ours et autres chevaux et bisons semblent comme animés, comme sortis du cadre, figés dans la paroi. Certes, le dessin original y fait beaucoup dans l'impression de mouvement, cependant la 3D améliore la sensation. Là encore, le réalisateur a voulu rendre son film plus humain et ceux grâce à la technologie. Bel exploit dont ferait mieux de s'inspirer nombre de films pseudo-3D.

La caméra se balade devant les peintures, calmement, sous une musique planante et « dans les dernières minutes, Werner Herzog, muet, nous laisse contemplatifs devant nos origines et notre avenir. »

Vous l'aurez compris, la Grotte des rêves perdus est un film à voir. C'est une expérience à voir en 3D, le passage sur télévision perdra un peu de son sens. Alors, dépêchez-vous tant que le film est encore à l'écran.

Michel

Dernière citation : reprise du site internet consacré au cinéma, Excessif.

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